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Catherine Schümperli Younossian, secrétaire générale de la FGC, et la conseillère d'État Nathalie Fontanet, lors de la présenatation des statistiques 2020 de la solidarité internationale. ©David Wagnières

L'enquête statistique, réalisée tous les cinq ans depuis 1985 par la FGC, détaille l’engagement des pouvoirs publics genevois dans la solidarité internationale. Mené auprès des 45 communes et du Canton de Genève, ce travail de relevé permet de suivre les contributions versées aux projets de 406 acteurs de la coopération au développement, de l’aide humanitaire, de la promotion des droits humains et de la paix, de la prévention des conflits ainsi que de la sensibilisation à ces questions.

En ouverture de la conférence de presse, René Longet, président de la FGC, a expliqué que ce «8e recueil de statistiques [depuis 1985] met en évidence les financements alloués en 2020, année marquée par l’irruption d’une pandémie qui n’a pas fini d’impacter le monde, entraînant des finances plus incertaines chez nous, et une explosion des besoins sur le terrain dans le Sud».

Les participant·e·s à la conférence de presse de présentation des résultats du 8e baromètre de la solidarité internationale. ©David Wagnières

«Les résultats 2020 nous alertent»

Ainsi, «les résultats de l'enquête 2020 montrent des tendances divergentes, bien que peu marquées par rapport à 2015», a poursuivi Catherine Schümperli Younossian, secrétaire générale de la FGC:

  • les montants totaux alloués à la solidarité internationale (SI) sont en légère augmentation (+1,3 millions) pour s'établir à 31,2 millions de francs suisses. Cette hausse est principalement due à l’augmentation des montants versés par le Canton de Genève et la Ville de Genève, alors que les communes ont eu tendance à s’engager légèrement moins dans la SI (6,3 millions en 2020 ; 6,6 millions en 2015);
  • plusieurs collectivités publiques genevoises s’éloignent de l’objectif de 0,7%, cette cible fixée dans la Loi cantonale sur le financement de la SI en pourcentage du budget annuel de fonctionnement et dans les textes internationaux en regard du revenu national brut. Pour les communes, le pourcentage de la valeur médiane est passé de 0,62% en 2015 à 0,49% en 2020. Seules 29% d'entre elles, soit 13 communes, financent la solidarité internationale en dépassant le seuil des 0,7% des charges de fonctionnement; la Ville de Genève s'en rapporche à 0,62%. Pour le Canton de Genève, une stabilité du pourcentage à 0,2% des charges de fonctionnement s'observe depuis 2005;
  • pour les communes genevoises (hors Ville de Genève), les montants par habitant sont demeurés stables.

«L’année 2020, caractérisée par la crise du Covid-19, restera une période très particulière, empreinte de nombreuses incertitudes, qui se sont répercutées sur les comptes des pouvoirs publics, a poursuivi Catherine Schümperli Younossian. Si nous nous réjouissons de l’engagement des collectivités publiques genevoises qui ne s’est pas démenti au fil des 35 dernières années, les résultats 2020 nous alertent et appellent à la vigilance au moment où les besoins sont en augmentation après deux ans de crise sanitaire, qui a fragilisé des populations vulnérables.» 

La secrétaire générale de la FGC a aussi constaté avec regret que l'État de Genève «n’a pas développé un plan de progression graduelle pour se rapprocher de l’objectif fixé dans la loi sur la solidarité internationale. Nous avons constaté l’effet d’entraînement que l’adoption de la loi cantonale a créé en 2001. Aujourd’hui, alors qu’un infléchissement se dessine auprès de certaines communes genevoises, un engagement en faveur d’une augmentation progressive du pourcentage dédié à la solidarité internationale de la part du Canton aurait un impact stimulant et donnerait un signal très positif à l’occasion du 20e anniversaire de la loi célébré le 4 octobre dernier.»

«Genève, canton le plus actif dans la solidarité internationale»

Nathalie Fontanet, conseillère d’Etat chargée du Département des finances et des ressources humaines, a salué le travail statistique mené par la FGC qui la place «comme un véritable observatoire de la solidarité internationale». Pour elle, «l'augmentation [de 1,3 million] observée en 2020 démontre que malgré les difficultés budgétaires, un effort collectif a été réalisé par Genève qui est le canton suisse le plus actif dans le domaine de la solidarité internationale». La conseillère d'État a souligné que «l'État de Genève contribue à presque 60% des fonds alloués à la solidarité internationale par les collectivités publiques genevoises, avec un montant par habitant de 34,91 francs». Néanmoins, même si le montant annuel attribué à la solidarité internationale par le Grand Conseil a évolué de 10,5 millions en 2003 à 17,2 millions en 2021, une hausse du financement de la SI en pourcentage des charges de fonctionnement n'est actuellement pas à l'ordre du jour dans le contexte budgétaire actuel.

Toutefois, pour Nathalie Fontanet, «si d'autres prestations comme les activités en relation avec la Genève internationale étaient comptabilisées, le taux d'effort serait nettement plus élevé» que le 0,2% actuel. Et de citer notamment:

  • l’implication des institutions publiques (HUG) et académiques (IHEID, Université) avec les partenaires du sud (coopération décentralisée);
  • la place de Genève comme centre international, siège des Nations Unies et de nombreuses ONG actives dans les domaines des droits humains et de l'aide humanitaire;
  • le soutien actif de la part du Canton vis-à-vis des ONG internationales à Genève, notamment avec des aides aux loyers, le financement du service ONG du CAGI et le soutien des projets immobiliers des organisations internationales.

«Les subventions octroyées par l'Etat de Genève, au titre de la Genève internationale et solidaire, permettent ainsi de renforcer la place de notre canton en tant que capitale mondiale des droits humains et du droit humanitaire. La création d’une direction des affaires internationales (DAI) du canton de Genève en 2020 traduit bien cette volonté du Canton de développer une entité commune, une cohérence dans les aspects de soutien à donner à la Genève internationale et solidaire, deux dimensions de l’Esprit de Genève qui lui confère une situation unique», a-t-elle conclu.

«Les subventions octroyées par l'État de Genève, au titre de la Genève internationale et solidaire, permettent de renforcer la place de notre canton en tant que capitale mondiale des droits humains et du droit humanitaire.

«Un devoir moral d'aider les pays du Sud»

Gilbert Vonlanthen, nouveau président de l'Association des communes genevoises (ACG) est revenu sur la baisse du financement au niveau communal. Les répercussions financières sur les budgets communaux de la crise sanitaire et des récentes réformes fiscales pourraient en constituer des explications.

Pour Gilbert Vonlanthen, l'ACG ne peut pas, en raison de l'autonomie communale, prescrire aux communes de cibler le 0,7%.  Mais «c'est à nous de sensibiliser à la nécessité de l'aide et au fait que lorsque les budgets sont difficiles à boucler, ce n'est pas sur la SI que doit porter l'effort. Il est primordial de ne pas baisser les bras». Pour lui, l'objectif du 0,7% reste celui vers lequel tendre. Il s'agit aussi de sensibliser la population pour qu'elle sache pourquoi la solidarité internaitonale est importante et quels projets les fonds publics permettent de financer. «Comme pays riche, il est de notre devoir moral d'avoir cette sensibilité et d'aider les pays du Sud», a-t-il conclu.

«L'objectif du 0,7% reste le cap à atteindre»

Chiara Barberis, cheffe de service de l'Agenda 21-Ville durable, a salué l'état des lieux quinquennal dressé par la FGC parce qu'elle «permet à la Ville de Genève de se situer dans un cadre plus large, d'évaluer le chemin parcouru et de mesurer la hauteur de la marche qu'il reste à gravir pour atteindre les ambitions affichées à travers la cible revendiquée du 0,7%». Chiara Barberis a salué le fait que la Ville de Genève soit, en valeur absolue, «la commune genevoise qui contribue le plus à la solidarité internationale avec un montant en 2020 de 7,1 millions de francs, soit 23% du total de l'aide des collectivités publiques genevoises». Si elle constate que ce montant confirme «l'engagement historique et de longue date» de Genève, elle souligne en parallèle que «l'objectif du 0,7% reste le cap à atteindre dans un contexte budgétaire qui ne laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre».

Pour Chiara Barberis, la coopération internationale est un levier clé de la mise en oeuvre de l'Agenda 2030 de développement durable, qui «propose le seul modèle de société qui puisse garantir les fondements sociaux, tout en restant dans les limites planétaires. Il est à la fois juste et cohérant partant du constat que tous les pays sont en mal-développement quand il s'agit de la préservation des ressources et de la lutte contre les inégalités».

René Longet, président de la FGC. ©David wagnières

«Les besoins sur le terrain explosent»

Enfin, en conclusion, René Longet, président de la FGC, a tracé des perspectives. Pour lui, le socle de la solidarité internationale dans le canton est «la Genève internationale, qui est aussi la Genève solidaire; ces deux adjectifs sont inséparables. C’est un ancrage institutionnel, mais aussi identitaire, un état d’esprit, une option politique, qu’il faut maintenir, entretenir, cultiver.» L'Agenda 2030 «rappelle que nous vivons dans un seul monde, et nous permet de réaliser le lien entre le global et le local. La solidarité internationale est un devoir moral, mais aussi la conscience qu’on ne s’en sortira pas tout seuls, que nous devons prendre soin de la stabilité du monde.»

Et de poursuivre: «La statistique qui vient d’être présentée souligne un fléchissement de la progression des contributions des collectivités publiques, alors que les besoins sur le terrain explosent suite au Covid. Il est à noter que, comme les dépenses de fonctionnement des collectivités augmentent, par effet mathématique, les montants en chiffres absolus pour la SI augmentent aussi. Mais on ne peut pas se contenter d’un automatisme, il faut une volonté politique pour les communes de rester sur la trajectoire du 0,7% des dépenses de fonctionnement dévolues à la SI, et pour le canton, d’amorcer un plan de progression. En aucun cas, la SI ne saurait être la variable d’ajustement en cas de difficultés budgétaires. Et dans tous les cas, 99,3% des finances publiques restent allouées aux besoins locaux».

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