La Fédération genevoise de coopération (FGC) et ses 25 organisations membres actives en Amérique latine et dans les Caraïbes lancent un appel aux collectivités publiques genevoises ainsi qu’au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Elles souhaitent continuer à travailler avec leurs partenaires latino-américains en toute autonomie et pouvoir utiliser les fonds publics dans cette région où persistent de fortes inégalités et des taux de pauvreté élevés.
Pourquoi les projets de développement restent indispensables dans cette région
Cet appel a été lancé lors de la Conférence annuelle de la FGC avec ses collectivités publiques partenaires, qui a réuni près de 100 personnes le 23 septembre, à Genève. Il s'appuie sur un argumentaire fouillé co-rédigé par des organisations membres de la FGC actives en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ce document a été présenté lors de la Conférence et suivi par un parcours de découverte de différents projets financés dans la région, en particulier dans les domaines de la formation et l'accès à l'éducation, notamment bilingue et interculturelle, de la sauvegarde de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques, du développement rural, de l'accès aux soins, de la préservation des savoirs, des traditions et des terres des peuples autochtones, ainsi que de la promotion de la paix, de la justice et des institutions efficaces.
Le Canton de Genève (par le biais du Service de la solidarité internationale) et la Ville de Genève (à travers sa Délégation Genève Ville solidaire) ont d'ores et déjà répondu positivement.
Réorientation des fonds fédéraux
La décision du DFAE de réorienter les fonds de la coopération internationale (CI) vers l'Afrique, l'Asie et l'Europe de l'Est sur la période 2025-2028, en réduisant significativement les financements pour l'Amérique latine et les Caraïbes (ALC), fragilise les programmes des organisations membres (OM) de la FGC dans cette région, met en difficulté les partenaires de terrain et les bénéficiaires des projets de développement.
Pourtant, les besoins restent immenses en Amérique latine et dans les Caraïbes. En 2023, 172 millions de personnes y vivaient sous le seuil de pauvreté et 66 millions de personnes sous le seuil de l’extrême pauvreté, soit respectivement 27 % et 11 % de la population (sources dans l’argumentaire). En 2023 toujours, 187,6 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire modérée ou sévère, soit 28,2 % de la population. Dans ce contexte, les projets des OM de la FGC sont essentiels pour améliorer les conditions de vie des communautés les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants, les peuples autochtones et les personnes afro-descendantes. Qu’il s’agisse de lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire ou les changements climatiques, d’accès à l’éducation, à la formation et à la santé, de préserver les cultures et les traditions, de promouvoir la paix, la justice et des institutions efficaces ou d’autres domaines encore, leur impact est attesté.
Plaidoyer pour l'Amérique latine
Dès lors, pour pouvoir continuer à travailler avec leurs partenaires latino-américains en toute autonomie, la FGC et ses organisations membres actives en Amérique latine et dans les Caraïbes lancent un appel aux collectivités publiques, basé sur un argumentaire en neuf points.
Afin notamment de:
- poursuivre la lutte contre la pauvreté et les inégalités,
- continuer à promouvoir la paix, la justice, la démocratie et des institutions efficaces,
- préserver la biodiversité et lutter contre les changements climatiques,
- soutenir l'accès à la santé et à l'éducation,
- favoriser des modèles d’habitat urbain durables et participatifs,
- préserver les cultures et les savoirs traditionnels,
- sauvegarder le savoir-faire et l’autonomie des ONG membres de la Fédération,
la FGC et ses organisations membres demandent:
• aux collectivités publiques genevoises: d’accorder à la FGC une plus grande flexibilité dans l’usage des fonds afin d’assurer le financement des projets en Amérique latine et aux Caraïbes;
• à la Direction du développement et de la coopération (DDC): d’appliquer les principes de flexibilité et de redevabilité pour agir en faveur de la réduction de la pauvreté, de la promotion des droits humaines, de la démocratie et du développement durable, comme exprimé dans les Directives de la DDC pour la collaboration avec les ONG suisses.
Dans l’argumentaire, des exemples de projets illustrent chacun des domaines abordés et de nombreuses sources étayent chaque argument présenté.